Jubilant dans le baroque aux confins de l’erotisme, du fantastique et de la mort, Les Metamorphoses d’Apulee (IIe siecle), seul roman latin dont nous possedions le texte integral, racontent a la premiere personne les tribulations d’un naif trop curieux qu’une operation de sorcellerie ratee a transforme en ane mais qui n’en pense pas moins, et tissent dans tous les styles la trame parodique d’une comedie humaine dont le denouement est procure par l’intervention d’Isis-Reine, Deesse Eminentissime. Ce livre est un chef-d’oeuvre. Il me donne a moi des vertiges et des eblouissements; la nature pour elle-meme, le paysage, le cote purement pittoresque des choses sont traites la a la moderne et avec un souffle antique et chretien tout ensemble qui passe au milieu. Ca sent l’encens et l’urine, la bestialite s’y marie au mysticisme, nous sommes bien loin encore de ca nous autres comme faisandage moral. (Gustave Flaubert, 1852)